La prise d'Akbakar

Grand-Père était soupe au lait. Ses colères étaient terribles mais ne duraient pas. Cependant, il vouait une haine tenace à l'égard du duché d'Akbakar et le temps n'apaisait pas cette colère. Aussi, après un conseil de famille houleux, nous décidâmes d'envahir nos voisins.

Ce n'était pas une mince affaire : la demeure ducale était située sur une ile et nous n'étions pas marins ! Nous avions d'autres obstacles à surmonter : nous ne possédions aucun navire de guerre, nous ne savions pas nous battre et surtout nous n'étions pas motivés.
Oncle Jacques qui trainait la jambe depuis qu'un requin y avait gouté pendant le siège de l'Amiral n'était pas le plus ardent. Seul Oncle Robert qui fut charbonnier dans sa jeunesse manifesta de l'enthousiasme et c'est sous sa férule que tantes et cousines, que l'Amiral avait renvoyées après le paiement de la rançon, entreprirent l'abattage des arbres nécessaires à la construction des navires pendant que pères et fils apprenaient le maniement des armes.
Lorsque les navires furent prêts, les hommes durent apprendre la navigation. Il ne s'agissait en vérité que de passer d'une rive à l'autre mais nous savions à peine caboter. Je fus chargé de trouver au coeur de la Très Grande Bibliothèque du Petit Flahut le manuel adéquat. La recherche prit un certain temps, l'apprentissage des termes et des us de la marine en prit davantage. Et quand tous furent enfin prêts, Grand-Père ne l'était plus, sa colère éteinte à tout jamais.
Nos oncles réunirent le Grand Conseil au grand complet et au terme duquel il fut décidé : petit 1, une semaine de deuil, petit 2, des funérailles grandioses, petit 3, un partage équitable des titres et des charges du royaume, petit 4, les petits-enfants du monarque iraient envahir le duché d'Akbakar.

La prise d'Akbakar (peinture d'époque) - Image de synthèse réalisée avec Vue 11 Infinite et Photoshop CS6

Nous levâmes l'ancre un soir de février, pendant la diffusion des "Jeux de 20 heures" afin d'éviter les effusions de nos parents. Le navire de Cousin Patrick, que son avarice légendaire avait convaincu d'économiser sur le calfat, coula dans la rade. Cependant, il rata la fin de l'émission mais pas la grippe.
Partir à la nuit tombée n'avait pas été une bonne idée : piètres marins, nous avons eu toutes les peines du monde à nous diriger dans l'obscurité. Aucune lueur n'émanait du palais, nous n'avions pas de repère pour nous diriger. A l'aube, nous abordâmes le palais ducal. Il n'était pas défendu et nous avons rapidement pris position face à la lourde porte où trônait un petit panneau : "Musée d'Akbakar fermeture hebdomadaire". On était mardi.

Voir ou revoir :
La vie de château

Commentaires

  1. J avoue que je ne m attendais pas a cette fin,lol

    bonne journee !

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  2. Mais cousin ours est passé où ? ^^
    Bonne journée cher Philippe :)

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  3. Bonjour Philippe!
    Encore beaucoup de travail avec ta belle photo!
    Bonne journée!
    Bisou

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  4. Phil bonjour mais je ne te reconnais plus
    OU es tu!!!!!!!!!!!!!!!!

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  5. Ah ben mince alors, mon commentaire de ce matin n'est pas passé ! grrrrrrr
    J'aime beaucoup ta manière d'écrire, et des sourires et rires engendrés; (la fin, terrible).
    Tu as décidément du talent dans bien des domaines Philippe ! Bravo.
    Bonne journée

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    1. Ton commentaire :
      "Tu as décidément beaucoup de talent, la photo, la création d'image superbes, et l'écriture !
      En voilà trois bien affirmés dans ce que je découvre par ici.
      Merci de partager tout cela, et merci pour l'éclat de rire en lisant tes mots."
      est bien passé... sur le billet précédent ;-)
      Merci beaucoup Pascale :)

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  6. Ah, j'ai bien ri avec la fin .....Excellente "chute" !

    Super pour la photo !

    Bonne fin de journée et agréable soirée ....

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