Vers le vent

Les berges de l'étang sont désertes, on ne pêche pas le lundi. Le vent agite la prairie fleurie où les carottes sauvages dominent les brunelles. Agenouillé dans l'herbe, entouré d'acrobates à peine plus grand que l'ongle, je cherche la lumière sous le ciel gris de pluie.

6h00 6h05 Il n'y avait pas de rosée ce matin près du Rhin. Les cygnes et les corbeaux, les canards et les mouettes assistaient au lever du jour. Les nuages couronnaient la Foret Noire. Les premières péniches ont franchi l'écluse. Moteurs diesel poussifs des barges presque trop chargées. Ronronnement des grands gabarits rapides. Silence des hôtels flottants filant sur le fleuve pour cueillir Lorelei au petit déjeuner... 6h20

J'aimerais vous dire leurs noms. En français, en latin. Vous dire qu'il ne s'agit pas de zèbres ou d'enclumes. Vous dire que ces papillons des rives du Rhin poussent aussi ailleurs pour peu qu'on prenne le temps de les arroser. Juste un peu. Pas trop. Avec de l'eau gazeuse parce qu'ils en aiment les bulles. J'aimerais vous dire leurs noms de papillons mais je m'en moque un peu, il y a de beaux blogs et de gros livres riches d'illustrations qui font ça mieux que moi. Ce que je veux partager avec celles et ceux qui s'égarent ici, ce ne sont pas trois photos mais trois instants volés, trois secondes d'une sorte de petit bonheur. Un mélange de chance, de grâce et de lumière...