Vers le vent

Assoupi au bord de l’étang, le monstre veille. Il s’élance parfois, croque une poule d’eau ou un grèbe huppé puis se rendort. Le cygne ne craint rien et continue à se pavaner comme si rien ne s’était passé. Le monstre endormi, la foulque macroule rejoint son nid. Sur la berge opposée, l’arbre inquiet appelle ses petits, le soir s’annonce et le monstre n’est jamais repu… A bientôt !

Je n’étais pas seul à profiter du retour du soleil en ce dimanche. J’ai donc délaissé les rives du Rhin trop fréquentées à mon gout pour les forets des Vosges du Nord… où j’ai croisé une ribambelle de motards allemands (les routes de la Foret-Noire leur sont interdites le week-end) et quelques badauds. Je suis allé d’étang en étang admirer la lumière, caresser du regard épicéas et pins, gouter l’ombre, parler aux arbres qui têtent la vase…

La solitude le froid du printemps rien d’autre Uemura Sengyo Voir ou revoir : Flânerie à l’étang

Cygne tuberculé (juvénile) Près de la nurserie des cigognes, ce jeune cygne est seul. A l’écart des colverts et des foulques, il finit sa toilette à la tombée du jour. Alors que je m’approche, il se met à l’eau et me fuit. Ça me fait plaisir de voir un cygne ne pas quémander un crouton de pain rassis... Cygne tuberculé (juvénile) Cygne tuberculé (juvénile) Cygne tuberculé (juvénile) Cygne tuberculé (juvénile)

Reflet En apparence, il y avait peu à voir à l’étang. Les chevreuils dont je croise le soir le regard aveuglé par les phares sont demeurés invisibles. Le cormoran venait de partir. Quelques foulques, un couple de colverts batifolaient, des cigognes cherchaient sur les berges de quoi renforcer leur nid. Je n’y cherchais rien de particulier, la lumière sur la roselière, les reflets des arbres, le grand calme à deux pas de la route. J’ai simplement gouté le plaisir d’être là… Foulque macroule Foulque macroule et canard colvert Foulque macroule Foulques macroule Foulques macroule

Roessmoerder Les premières photos ont été prises à contre-jour au Roessmoerder, un ancien bras du Rhin. On l’orthographie aussi Rossmoerder, ce qui signifie « meurtrier de chevaux » soit-disant parce que des chevaux auraient été engloutis en voulant traverser l’étang gelé. A mon avis, le nom originel a été déformé pour lui donner un aspect terrifiant. La racine Roess proche de Roech , roselière, et le suffixe Moerder proche de Moer , renflement (la forme évasée de l’étang) me laissent plutôt croire que le nom désignait une vaste roselière (ce qui est le cas). Bien entendu, ça ne fait plus peur, ça fait tout de suite moins folklorique ! Je ne suis pas un spécialiste de l’étymologie mais j’imagine mal comment des chevaux auraient pu se retrouver en plein coeur d’une foret alluviale dense de plusieurs centaines d’hectares. Les paysans d’antan n’étaient pas stupides au point de laisser leurs bêtes en pacage dans un lieu inondé en permanence. La dernière vue montre la rivière Moder v

Vagabondages, étangs, ruisseaux, flaques et mares, herbes folles, chevelure d’ondines, lentilles d’eau, larmes de saules, vaquabondages…

Lumière sur l'étang Peu avant midi, le soleil chasse la grisaille du dimanche. Les chemins sont trempés des pluies des jours d'avant. Les promeneurs sont partout, sur les digues, dans les sous-bois, à pas comptés sur la petite route. Les impatients aussi, pressés de les dépasser, pressés de doubler le 4x4 indolent aux pneus propres et le quad en tenue caca-kaki. J'attends une lumière plus douce en regardant les alevins de l'étang jouer à saute-poisson. Une partie de saute-poisson J'essaie de m'attacher aux couleurs mais la rumeur des autos m'empêche de voir. Je me rapproche d'un fusain, en vain, je crains de finir dimanche aux urgences. Où courent-ils ? Automne Fusain Un saule blanc me répond sans dire un mot. Un petit truc rouge poursuit la conversation et s'éloigne avec l'arbre, bras dessus, bras dessous. Saule blanc Petit truc rouge L'arbre Je reste seul dans la friche ou presque... Les carottes